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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

l’action ; les Anglais agirent tous. Des cinquante mille Français, deux ou trois mille seulement purent combattre les onze mille Anglais, ou du moins l’auraient pu, si leurs chevaux s’étaient tirés de la boue.

Les archers anglais, pour réveiller ces inertes masses, leur dardèrent, avec une extrême roideur, dix mille traits au visage. Les cavaliers de fer baissèrent la tête, autrement les traits auraient pénétré par les visières des casques. Alors des deux ailes, de Tramecourt, d’Azincourt, s’ébranlèrent lourdement à grand renfort d’éperons, deux escadrons français ; ils étaient conduits par deux excellents hommes d’armes, messire Clignet de Brabant, et messire Guillaume de Saveuse. Le premier escadron, venant de Tramecourt, fut inopinément criblé en flanc par un corps d’archers cachés dans le bois[1] ; ni l’un ni l’autre escadron n’arriva.

De douze cents hommes qui exécutaient cette charge, il n’y en avait plus cent vingt, quand ils vinrent heurter aux pieux des Anglais. La plupart avaient chu en route, hommes et chevaux, en pleine boue. Et plût au ciel que tous eussent tombé ; mais les autres, dont les chevaux étaient blessés, ne purent plus gouverner ces bêtes furieuses, qui revinrent se ruer sur les rangs français. L’avant-garde, bien loin de pouvoir s’ouvrir pour les laisser passer, était, comme on l’a vu, serrée à ne pas se mouvoir. On peut juger des accidents

  1. Monstrelet. — Quelques-uns disaient aussi que le roi d’Angleterre avait envoyé des archers derrière l’armée française ; mais les témoins oculaires affirment le contraire.