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JEUNESSE DE CHARLES VI

gues en apparence, procédaient de causes au fond si différentes qu’ils ne pouvaient s’accorder, et devaient être tous comprimés isolément.

En Flandre, par exemple, la domination d’un comte français, ses exactions, ses violences, avaient décidé la crise ; mais il y avait un mal plus grave encore, plus profond, la rivalité des villes de Gand et de Bruges[1], leur tyrannie sur les petites villes et sur les campagnes. La guerre avait commencé par l’imprudence du comte, qui, pour faire de l’argent, vendit à ceux de Bruges le droit de faire passer la Lys dans leur canal, au préjudice de Gand. Cette grosse ville de Bruges, alors le premier comptoir de la chrétienté, avait étendu autour d’elle un monopole impitoyable. Elle empêchait les ports d’avoir des entrepôts, les campagnes de fabriquer[2] ; elle avait établi sa domination sur vingt-quatre villes voisines. Elle ne put prévaloir sur Gand. Celle-ci, bien mieux située, au rayonnement des fleuves et des canaux, était d’ailleurs plus peuplée, et d’un peuple violent, prompt à tirer le couteau. Les Gantais tombèrent sur ceux de Bruges, qui détournèrent leur fleuve, tuèrent le bailli du comte, brûlèrent son château. Ypres, Courtrai se laissèrent entraîner par eux. Liège, Bruxelles, la Hollande même, les encourageaient, et regrettaient d’être si loin[3]. Liège leur envoya six cents charrettes de farine.


    Paris qui établissaient leurs intelligences avec les Flamands. Voy. aussi App. 18App. 10.

  1. App. 11.
  2. App. 12.
  3. App. 13.