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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

s’est vu tant de désordres, de voluptés, de péchés et de mauvais vices qu’on en voit aujourd’hui en France. C’est pitié de l’ouïr, et horreur pour les écoutants. Si Dieu en est courroucé ce n’est pas merveille[1]. »

Était-il donc bien sûr que l’Angleterre fut chargée de punir la France ? La France était-elle si complètement abandonnée de Dieu, qu’il lui fallût cette discipline anglaise et ces charitables enseignements ?

Un témoin oculaire dit qu’un moment avant la bataille il vit, des rangs anglais, un touchant spectacle dans l’autre armée. Les Français de tous les partis se jetèrent dans les bras les uns des autres et se pardonnèrent ; ils rompirent le pain ensemble. De ce moment, ajoute-t-il, la haine se changea en amour[2].

Je ne vois point que les Anglais se soient réconciliés[3]. Ils se confessèrent ; chacun se mit en règle, sans s’inquiéter des autres.

Cette armée anglaise semble avoir été une honnête armée, rangée, régulière. Ni jeu, ni filles, ni jurements. On voit à peine vraiment de quoi ils se confessaient.

Lesquels moururent en meilleur état ? Desquels aurions-nous voulu être ?… Le fils du duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon, que son père empêcha d’aller joindre les Français, disait encore quarante ans après :

  1. Lefebvre de Saint-Remy.
  2. Idem.
  3. Et pourtant il s’en fallait bien qu’ils fussent de même parti, il y avait certainement des partisans de Mortimer et des partisans de Lancastre, des lollards et des orthodoxes.