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HISTOIRE DE FRANCE

« Je ne me console point de n’avoir pas été à Azincourt, pour vivre ou mourir[1]. »

L’excellence du caractère français, qui parut si bien à cette triste bataille, est noblement avouée par l’Anglais Walsingham dans une autre circonstance : « Lorsque le duc de Lancastre envahit la Castille, et que ses soldats mouraient de faim, ils demandèrent un sauf-conduit, et passèrent dans le camp des Castillans, où il y avait beaucoup de Français auxiliaires. Ceux-ci furent touchés de la misère des Anglais ; ils les traitèrent avec humanité et ils les nourrirent[2]. » Il n’y a rien à ajouter à un tel fait.

J’y ajouterais pourtant volontiers des vers charmants, pleins de bonté et de douceur d’âme[3], que le duc d’Orléans, prisonnier vingt-cinq ans en Angleterre, adresse en partant à une famille anglaise qui l’avait gardé[4]. Sa captivité dura presque autant que sa vie. Tant que les Anglais purent croire qu’il avait chance d’arriver au trône, ils ne voulurent jamais lui permettre de se racheter. Placé d’abord dans le château de Windsor avec ses compagnons, il en fut bientôt séparé pour être renfermé dans la prison de Pomfret ; sombre et sinistre prison, qui n’avait pas coutume de rendre ceux qu’elle recevait ; témoin Richard II.

Il y passa de longues années, traité honorablement[5],

  1. « Et ce… j’ai ouï dire au comte de Charolois, depuis que il avoit atteint l’âge de soixante-sept ans. » (Lefebvre de Saint-Remy.)
  2. App. 178.
  3. App. 179.
  4. Mon très bon hôte et ma très doulce hôtesse…
  5. App. 180.