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HISTOIRE DE FRANCE

dans la main au chef (le chef c’était le bourreau). Il en fut pour cette honte. Tout ce qu’il obtint, ce fut une promesse de mener les prisonniers au Châtelet ; alors il les livra. Arrivés au Châtelet, les prisonniers y trouvèrent d’autres gens du peuple qui n’avaient rien promis et qui les massacrèrent.

Le duc de Bourgogne avait joué là un triste rôle. Il fut enragé de s’être ainsi avili. Il engagea les massacreurs à aller assiéger les Armagnacs à Montlhéry pour rouvrir la route aux blés de la Beauce. Puis il fit fermer la porte derrière eux et couper la tête à Capeluche. En même temps, pour consoler le parti, il fait décapiter quelques magistrats armagnacs.

Ce Capeluche, qui paya si cher l’honneur d’avoir touché la main d’un prince du sang, était un homme original dans son métier, point furieux, et qui se piquait de tuer par principe et avec intelligence. Il tira un bourgeois du massacre au péril de sa vie[1]. Quand il lui fallut franchir le pas à son tour, il montra à son valet comment il devait s’y prendre[2].

Le duc de Bourgogne, en devenant maître de Paris, avait succédé à tous les embarras du connétable d’Armagnac. Il lui fallait à son tour gouverner la grande ville, la nourrir, l’approvisionner ; cela ne pouvait se faire qu’en tenant les Armagnacs et les Anglais à distance, c’est-à-dire en faisant la guerre, en rétablissant les taxes qu’il venait de supprimer, en perdant sa popularité.

  1. Le Religieux.
  2. Journal du Bourgeois.