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HISTOIRE DE FRANCE

Cela aidait aux négociations qu’Henri menait de front avec tous les princes de France. Dès l’ouverture de la campagne, au mois de mars 1418, il renouvela les trêves avec la Flandre et le duc de Bourgogne. En juillet, il en signa une pour la Guyenne ; le 4 août, il prorogea la trêve avec le duc de Bretagne. Il accueillait avec la même complaisance les sollicitations de la reine de Sicile, comtesse d’Anjou et du Maine. Ce roi pacifique n’avait rien plus à cœur que d’éviter l’effusion du sang chrétien. Tout en accordant des trêves particulières, il écoutait les propositions continuelles de paix générale que les deux partis lui faisaient ; il prêtait impartialement une oreille au dauphin, l’autre au duc de Bourgogne, mais il n’en était pas tellement préoccupé qu’il ne mît la main sur Rouen.

Dès la fin de juin, il avait fait battre la campagne, de sorte que les moissons ne pussent arriver à Rouen et que la ville ne fût point approvisionnée. Il avait importé pour cela huit mille Irlandais, presque nus, des sauvages, qui n’étaient ni armés ni montés, mais qui, allant partout à pied, sur de petits chevaux de montagne, sur des vaches, mangeaient ou prenaient tout. Ils enlevaient les petits enfants pour qu’on les rachetât. Le paysan était désespéré[1].

Quinze mille hommes de milice dans Rouen, quatre mille cavaliers, en tout peut-être soixante mille âmes : c’était tout un peuple à nourrir. Henri, sachant bien

  1. « Un de leurs pieds chaussé et l’autre nud, sans avoir braies… prenoient petits enfants en berceaux… montoient sur vaches, portant lesdits petits enfants… » (Monstrelet.)