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HENRI V

mines, et Henri lui-même ne s’y épargna pas. Cependant, les vivres manquant, il fallut se rendre. L’Anglais, selon son usage, excepta de la capitulation et fit tuer plusieurs bourgeois, tout ce qu’il y avait d’Écossais dans la place, et jusqu’à deux moines.

Pendant le siège de Melun, il s’était fait livrer Paris par les Bourguignons, les quatre forts, Vincennes, la Bastille, le Louvre et la tour de Nesle. Il fit son entrée en décembre. Il chevauchait entre le roi de France et le duc de Bourgogne. Celui-ci était vêtu de deuil[1], en signe de douleur et de vengeance ; par pudeur aussi peut-être, pour s’excuser du triste personnage qu’il faisait en amenant l’étranger. Le roi d’Angleterre était suivi de ses frères, les ducs de Clarence et de Bedford, du duc d’Exeter, du comte de Warwick et de tous ses lords. Derrière lui, on portait, entre autres bannières, sa bannière personnelle, la lance à queue de renard[2] ; c’était apparemment un signe qu’il avait pris jadis, en bon fox-hunter, dans sa vive jeunesse ; homme fait, roi et victorieux, il gardait avec une insolente simplicité le signe du chasseur dans cette grande chasse de France.

Le roi d’Angleterre fut bien reçu à Paris[3]. Ce peuple sans cœur (la misère l’avait fait tel) accueillit l’étranger comme il eût accueilli la paix elle-même. Les gens d’Église vinrent en procession au-devant des deux rois leur faire baiser les reliques. On les mena à Notre-Dame, où ils firent leurs prières au grand autel.

  1. Monstrelet.
  2. App. 207.
  3. App. 208.