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HISTOIRE DE FRANCE

peut-être sous main par le roi Wenceslas[1], comme Wicleff semble l’avoir été par Édouard III et Richard II, beau-frère de Wenceslas, Jean Huss était le héros du peuple beaucoup plus qu’un théologien[2] ; il écrivait dans la langue du pays ; il défendait la nationalité de la Bohême contre les Allemands, contre les étrangers en général ; il repoussait les papes, comme étrangers surtout. Du reste, il n’attaquait pas, comme fit Luther, la papauté même. Dès son arrivée à Constance, il fut absous par Jean XXIII.

Jean Huss soutenait les opinions de Wicleff sur la hiérarchie ; il voulait, comme lui, un clergé national, indigène, élu sous l’influence des localités. En cela il plaisait aux seigneurs, qui, comme anciens fondateurs, comme patrons et défenseurs des Églises, pouvaient tout dans les élections locales. Huss fut donc, comme Wicleff, l’homme de la noblesse. Les chevaliers de Bohême écrivirent trois fois au concile pour le sauver ; à sa mort, ils armèrent leurs paysans et commencèrent la terrible guerre des hussites.

Sous d’autres rapports, Huss était bien moins le disciple de Wicleff qu’il ne se le croyait lui-même. Il se rapprochait de lui pour la Trinité ; mais il n’attaquait pas la présence réelle, pas davantage la doctrine du libre arbitre. Je ne vois pas du moins dans ses ouvrages que, sur ces questions essentielles, il se rattache à

  1. Wenceslas le défendit contre les accusations des moines et des clercs. Voy. sa réponse dans Pfister, Hist. d’Allemagne.
  2. Voy. Renaissance. Notes de l’Introduction.