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MORT D’HENRI V ET DE CHARLES VI

Wicleff, autant qu’on le croirait d’après les articles de condamnation.

En philosophie, loin d’être un novateur, Jean Huss était le défenseur des vieilles doctrines de la scolastique. L’Université de Prague, sous son influence, resta fidèle au réalisme du moyen âge, tandis que celle de Paris, sous d’Ailly, Clémengis et Gerson, se jetait dans les nouveautés hardies du nominalisme trouvées (ou retrouvées) par Occam. C’était le novateur religieux, Jean Huss, qui défendait le vieux credo philosophique des écoles. Il le soutenait dans son Université bohémienne, d’où il avait chassé les étrangers ; il le soutenait à Oxford, à Paris même, par son violent disciple Jérôme de Prague. Celui-ci était venu braver dans sa chaire, dans son trône, la formidable Université de Paris[1], dénoncer les maîtres de Navarre pour leur enseignement nominaliste, les signaler comme des hérétiques en philosophie, comme de pernicieux adversaires du réalisme de saint Thomas.

Jusqu’à quel point cette question d’école avait-elle aigri nos gallicans, les meilleurs, les plus saints ?… On n’ose sonder cette triste question. Eux-mêmes probablement n’auraient pu l’éclaircir. Ils s’expliquaient leur haine contre Jean Huss par sa participation aux hérésies de Wicleff.

Le concile s’ouvrit le 5 novembre 1414 ; dès le 27 mai, Gerson avait écrit à l’archevêque de Prague pour qu’il livrât Jean Huss au bras séculier. « Il faut,

  1. App. 213.