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MORT D’HENRI V ET DE CHARLES VI

nouveau pape, Martin V ; mais son parti était tellement affaibli dans Paris même, malgré les moyens de terreur dont il avait essayé, que l’Université osa passer outre et approuver l’élection. Elle avait hâte de se rendre le pape favorable ; elle voyait que le système des libres élections ecclésiastiques qu’elle avait tant défendu, ne profitait point aux universitaires. Elle avait abaissé la papauté, relevé le pouvoir des évêques ; et ceux-ci, de concert avec les seigneurs, faisaient élire aux bénéfices des gens incapables, illettrés, les cadets des seigneurs, leurs ignares chapelains, les fils de leurs paysans, qu’ils tonsuraient tout exprès. Les papes, du moins, s’ils plaçaient des prêtres peu édifiants, choisissaient parfois des gens d’esprit. L’Université déclara qu’elle aimait mieux que le pape donnât les bénéfices[1]. C’était un curieux spectacle de voir l’Université, si longtemps alliée aux évêques contre le pape, de la voir retourner à sa mère, la papauté, et attester contre les évêques, contre les élections locales, la puissance centrale de l’Église. Mais l’Université l’avait tuée, cette puissance pontificale ; elle n’y revenait qu’en abdiquant ses maximes, en se reniant et se tuant elle-même.

Ce fut le sort de Gerson de voir ainsi la fin de la papauté et de l’Université. Après le concile de Constance, il se retira brisé, non en France, il n’y

  1. Bulæus. Une assemblée de grands et de prélats, présidée par le dauphin, fit emprisonner le recteur qui avait parlé contre la manière dont ils dirigeaient les élections ecclésiastiques et conféraient les bénéfices. Le Parlement ne soutint pas l’Université, qui fit des excuses. Ce fut l’enterrement de l’Université, comme puissance populaire.