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HISTOIRE DE FRANCE

peuple, un peuple armé, qui poursuit la controverse l’épée à la main. Les hussites, avec l’épée, la lance et la faux, sous le petit Procope, sous Ziska, l’indomptable borgne, donnent la chasse à la belle chevalerie allemande : et quand Procope sera tué, le tambour fait de sa peau mènera encore ces barbares, et battra par l’Allemagne son roulement meurtrier.

Nos gallicans avaient payé cher la réforme de Constance, et ils ne l’eurent pas[1]. Elle fut habilement éludée. Les Italiens, qui d’abord avaient les trois autres nations contre eux, surent se rallier les Anglais ; ceux-ci, qui avaient paru si zélés, qui avaient tant accusé la France de perpétuer les maux de l’Église, s’accordèrent avec les Italiens pour faire décider, contre l’avis des Français et des Allemands, que le pape serait élu avant toute réforme, c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de réforme sérieuse. Ce point décidé, les Allemands se rapprochèrent des Italiens et des Anglais, et les trois nations firent ensemble un pape italien. Les Français restèrent seuls et dupes, ne pouvant manquer d’avoir le pape contre eux, puisqu’ils avaient entravé son élection. Il était beau, toutefois, d’être ainsi dupes, pour avoir persévéré dans la réforme de l’Église.

C’était en 1417 ; le connétable d’Armagnac, partisan du vieux Benoît XIII, gouvernait Paris au nom du roi et du dauphin. Il fit ordonner par le dauphin, à l’Université, de suspendre son jugement sur l’élection du

  1. App. 216.