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HISTOIRE DE FRANCE

Écossais, il obtint une demi-décime du clergé du nord de l’Angleterre, et chargea l’archevêque d’York de lever cet impôt[1]. C’était la terrible année du traité de Troyes, il n’avait pas à espérer de rien tirer de la France, d’un pays ruiné, à qui cette année même on prenait son dernier bien, l’indépendance et la vie nationale. Au contraire, il essaya de rattacher étroitement la Normandie et la Guyenne à l’Angleterre, d’une part, en exemptant de certains droits les ecclésiastiques normands ; de l’autre, en diminuant les droits que payaient en Angleterre les marchands de vins de Bordeaux[2].

Mais en 1421, il fallut de l’argent à tout prix. Charles VII occupait Meaux et assiégeait Chartres. Les Anglais avaient mis toute la campagne précédente à prendre Melun. Henri V fut obligé de pressurer les deux royaumes, et l’Angleterre, mécontente et grondante, tout étonnée de payer lorsqu’elle attendait des tributs, et la malheureuse France, un cadavre, un squelette, dont on ne pouvait sucer le sang, mais tout au plus ronger les os. Le roi ménagea l’orgueil anglais en appelant l’impôt un emprunt ; emprunt volontaire, mais qui fut levé violemment, brusquement ; dans chaque comté, il avait désigné quelques personnes riches qui répondaient et payaient, sauf à lever l’argent sur les autres, en s’arrangeant comme ils pourraient : les noms de ceux qui auraient refusé devaient être envoyés au roi[3].

  1. Rymer, 27 octobre 1420.
  2. Idem, 22 januarii, 22 mart. 1420.
  3. Idem, 21 april 1421.