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MORT D’HENRI V ET DE CHARLES VI

La Normandie fut ménagée, quant aux formes, presque autant que l’Angleterre. Le roi convoqua les trois États de Normandie à Rouen, pour leur exposer ce qu’il voulait faire pour l’avantage général. Ce qu’il voulait d’abord, c’était de recevoir du clergé une décime. En récompense, il limitait le pouvoir militaire des capitaines des villes[1], réprimait les excès des soldats. Le droit de prise ne devait plus être exercé en Normandie, etc.

L’emprunt anglais, la décime normande, ne suffisaient pas pour solder cette grosse armée de quatre mille hommes d’armes et de plusieurs milliers d’archers qu’il amenait d’Angleterre. Il fallut prendre une mesure qui frappât toute la France anglaise ; le coup fut surtout terrible à Paris. Henri V fit faire une monnaie forte, d’un titre double ou triple de la faible monnaie qui courait ; il déclara qu’il n’en recevrait plus d’autre ; c’était doubler ou tripler l’impôt. La chose fut plus funeste encore au peuple qu’utile au Trésor ; les transactions particulières furent étrangement troublées ; il fallut pendant toute l’année des règlements vexatoires pour interpréter, modifier cette grande vexation[2].

La lourde et dévorante armée que ramenait Henri ne lui était que trop nécessaire. Son frère Clarence venait d’être battu et tué avec deux ou trois mille Anglais en Anjou (bataille de Baugé, 23 mars 1421). Dans le Nord même, le comte d’Harcourt avait pris

  1. Un chevalier est chargé de faire une enquête à ce sujet. (Rymer, 5 mai 1421.)
  2. Ordonnances, XI.