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HISTOIRE DE FRANCE

chez le duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur, le fils de celui-ci, alors comte de Charolais, vint faire visite à Glocester ; celui-ci, qui parlait en ce moment à des Anglais, ne se dérangea point à l’arrivée du prince, et lui dit simplement bonjour sans même se tourner vers lui[1]. Plus tard, dans une altercation entre le maréchal d’Angleterre Cornwall et le brave capitaine bourguignon Hector de Saveuse, le général anglais, qui était à la tête d’une forte troupe, ne craignit pas de frapper le capitaine de son gantelet. Une telle chose laisse des haines profondes. Les Bourguignons ne les cachaient point.

L’homme le plus compromis peut-être du parti bourguignon était le sire de L’Île-Adam, celui qui avait repris Paris et laissé faire les massacres. Il croyait du moins que son maître le duc de Bourgogne en profiterait, mais celui-ci, comme on a vu, livra Paris à Henri V. L’Île-Adam avait peine à cacher sa mauvaise humeur. Un jour, il se présente au roi d’Angleterre vêtu d’une grosse cotte grise. Le roi ne passa point cela : « L’Île-Adam, lui dit-il, est-ce là la robe d’un maréchal de France ? » L’autre, au lieu de s’excuser, répliqua qu’il l’avait fait faire tout exprès pour venir par les bateaux de la Seine. Et il regardait le roi fixement. « Comment donc, dit l’Anglais avec hauteur, osez-vous bien regarder un prince au visage, quand vous lui parlez ! — Sire, dit le Bourguignon, c’est notre coutume à nous autres Français ; quand un

  1. Monstrelet.