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MORT D’HENRI V ET DE CHARLES VI

homme parle à un autre, de quelque rang qu’il soit, les yeux baissés, on dit qu’il n’est pas prud’homme puisqu’il n’ose regarder en face. — Ce n’est pas l’usage d’Angleterre », dit sèchement le roi. Mais il se tint pour averti ; un homme qui parlait si ferme, avait bien l’air de ne pas rester longtemps du côté anglais. L’Île-Adam avait pris une fois Paris, peut-être aurait-il essayé de le reprendre, en cas d’une rupture d’Henri avec le duc de Bourgogne. Peu après, sous un prétexte, le duc d’Exeter, capitaine de Paris, mit la main sur le Bourguignon et le traîna à la Bastille. Le petit peuple s’assembla, cria et fit mine de le défendre. Les Anglais firent une charge meurtrière, comme sur une armée ennemie[1].

Henri V voulait faire tuer L’Île-Adam, mais le duc de Bourgogne intercéda. Ce qui fut tué, et à n’en jamais revenir, ce fut le parti anglais dans Paris.

Le changement est sensible dans le Journal du Bourgeois. Le sentiment national se réveille en lui, il se réjouit d’une défaite des Anglais[2] ; il commence à s’attendrir sur le sort des Armagnacs qui meurent sans confession[3].

Le roi d’Angleterre, prévoyant sans doute une rupture avec le duc de Bourgogne, semble avoir voulu prendre des postes contre lui dans les Pays-Bas. Il traita avec le roi des Romains pour l’acquisition du

  1. App. 222.
  2. « Le peuple les avoit en trop mortelle haine les uns et les autres. » (Journal du Bourgeois.)
  3. « Fut faite grand feste à Paris… Mieux on dust avoir pleuré… Quel dommaige et quel pitié par toute chrestienté… » (Ibid.)