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HISTOIRE DE FRANCE

D’abord, les fils du duc d’Anjou devant partir pour revendiquer la malheureuse royauté de Naples, le roi voulut auparavant leur conférer l’ordre de chevalerie. La fête se fit à Saint-Denis, avec une magnificence et un concours de monde incroyables. Toute la noblesse de France, d’Angleterre, d’Allemagne, était invitée. Il fallut que la silencieuse et vénérable abbaye, l’église des tombeaux, s’ouvrît à ces pompes mondaines, que les cloîtres retentissent sous les éperons dorés, que les pauvres moines accueillissent les belles dames. Elles logèrent dans l’abbaye même[1]. Le récit du moine chroniqueur en est encore tout ému.

Aucune salle n’était assez vaste pour le banquet royal ; on en fit une dans la grande cour. Elle avait la forme d’une église[2], et n’avait pas moins de trente-deux toises de long. L’intérieur était tendu d’une toile immense, rayée de blanc et de vert. Au bout s’élevait un large et haut pavillon de tapisseries précieuses, bizarrement historiées ; on eût dit l’autel de cette église, mais c’était le trône.

Hors des murs de l’abbaye, on aplanit, on ferma de barrières des lices longues de cent vingt pas. Sur un côté s’élevaient des galeries et des tours, où devaient siéger les dames, pour juger des coups.

Il y eut trois jours de fêtes : d’abord les messes, les cérémonies de l’Église, puis les banquets et les joutes, puis le bal de nuit ; un dernier bal enfin, mais celui-ci

  1. App. 27.
  2. « Ad templi similitudinem. » (Religieux.)