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HISTOIRE DE FRANCE

aurait voulu pouvoir faire quelque chose pour le soulagement du peuple, tout au moins il avait bon cœur ; les bonnes gens le savaient bien.

Comme il traversait ainsi la forêt, un homme de mauvaise mine, sans autre vêtement qu’une méchante cotte blanche, se jette tout à coup à la bride du cheval du roi, criant d’une voix terrible : « Arrête, noble roi, ne passe outre, tu es trahi ! » On lui fit lâcher la bride, mais on le laissa suivre le roi et crier une demi-heure.

Il était midi, et le roi sortait de la forêt pour entrer dans une plaine de sable où le soleil frappait d’aplomb. Tout le monde souffrait de la chaleur. Un page qui portait la lance royale s’endormit sur son cheval, et la lance tombant alla frapper le casque que portait un autre page. À ce bruit d’acier, à cette lueur, le roi tressaille, tire l’épée et, piquant des deux, il crie : « Sus, sus aux traîtres ! ils veulent me livrer ! » Il courait ainsi l’épée nue sur le duc d’Orléans. Le duc échappa, mais le roi eut le temps de tuer quatre hommes avant qu’on pût l’arrêter[1]. Il fallut qu’il se fût lassé ; alors, un de ses chevaliers vint le saisir par derrière. On le désarma, on le descendit de cheval, on le coucha doucement par terre. Les yeux lui roulaient étrangement dans la tête, il ne reconnaissait personne et ne disait mot. Ses oncles, son frère, étaient autour de lui. Tout le monde pouvait approcher et le voir. Les ambassadeurs d’Angleterre y vinrent comme les autres, ce qu’on trouva généralement fort mauvais. Le duc de Bourgogne, surtout,

  1. App. 35.