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HISTOIRE DE FRANCE

pour avoir mis la guerre et le schisme dans le monde chrétien. Donc, la paix était le remède ; paix de l’Église entre Rome et Avignon, par la cession des deux papes ; paix de la chrétienté entre la France et l’Angleterre, par un bon traité entre les deux rois, par une belle croisade contre le Turc, c’était le vœu de tout le monde ; c’était ce que disaient tout haut les sermons des prédicateurs, les harangues de l’Université ; tout bas les pleurs et les prières de tant de misérables, la prière commune des familles, celle que les mères enseignaient le soir aux petits enfants.

Il faut voir avec quelle vivacité Jean Gerson célèbre ce beau don de la paix, dans un de ces moments d’espoir où l’on crut à la cession des deux papes. Ce sermon est plutôt un hymne ; l’ardent prédicateur devient poète et rime sans le vouloir ; nul doute que ces rimes n’aient été redites et chantées par la foule émue qui les entendait :

« Allons, allons, sans attarder,
Allons de paix le droit chemin…
Grâces à Dieu, honneur et gloire,
Quand il nous a donné victoire.

« Élevons nos cœurs, ô dévot peuple chrétien ! mettons hors toute autre cure, donnons cette heure à considérer le beau don de paix qui approche. Que de fois, par grands désirs, depuis près de trente ans, avons-nous demandé la paix, soupiré la paix ! Veniat pax[1] ! »

  1. App. 37.