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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

gnon furieux. Paris était généralement hostile au duc d’Orléans, et cela pour un motif facile à comprendre : le duc d’Orléans demandait sans cesse de l’argent ; le duc de Bourgogne défendait de payer.

Cette rancune de Paris n’a pas été sans influence sur le plus impartial des historiens de ce temps, sur le Religieux de Saint-Denis. Il n’a pu se défendre de reproduire la clameur de cette grande ville voisine. Le moine a pu céder aussi à celle du clergé, que le duc d’Orléans essayait indirectement de soumettre à l’impôt[1].

Il ne faut pas oublier que le duc d’Orléans, ne possédant rien, ou presque rien, hors du royaume, tirait toutes ses ressources de la France, de Paris surtout. Le duc de Bourgogne au contraire était, tout à la fois, un prince français et étranger ; il avait des possessions et dans le royaume et dans l’Empire ; il recevait beaucoup d’argent de la Flandre, et demandait plutôt des gens d’armes à la Bourgogne[2].

Remontons à la fondation de cette maison de Bourgogne. Nos rois ayant presque détruit le seul pouvoir militaire qui se trouvât en France, la féodalité, essayèrent, au treizième et au quatorzième siècle, d’une féodalité artificielle ; ils placèrent les grands fiefs dans la main des princes leurs parents. Charles V fit un grand établissement féodal. Tandis que son frère aîné, gouverneur du Languedoc, regardait vers la Provence et l’Italie, il donna la Bourgogne en apanage à son

  1. Voy. 1402 et les projets du parti d’Orléans, 1411.
  2. Au témoignage de Charles-le-Téméraire. (Gachard.)