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HISTOIRE DE FRANCE

plus jeune frère, de manière à agir vers l’Empire et les Pays-Bas. Il fit pour ce dernier l’immense sacrifice de rendre aux Flamands Lille et Douai, la Flandre française[1], la barrière du royaume au nord, pour que ce frère épousât leur future souveraine, l’héritière des comtés de Flandre, d’Artois, de Rethel, de Nevers et de la Franche-Comté. Il espérait que dans cette alliance la France absorberait la Flandre, que les peuples étant réunis sous une même domination, les intérêts se confondraient peu à peu. Il n’en fut pas ainsi. La distinction resta profonde, les mœurs différentes, la barrière des langues immuable ; la langue française et wallone ne gagna pas un pouce de terrain sur le flamand[2]. La riche Flandre ne devint pas un accessoire de la pauvre Bourgogne[3]. Ce fut tout le contraire : l’intérêt flamand emporta la balance. Quel intérêt ? un intérêt hostile à la France, l’alliance commerciale de l’Angleterre, commerciale d’abord, puis politique.

Nous avons dit ailleurs comment la Flandre et l’Angleterre étaient liées depuis longtemps. S’il y avait mariage politique entre les princes de la France et de la Flandre, il y avait toujours eu mariage commercial entre les peuples de la Flandre et de l’Angleterre. Édouard III ne put faire son fils comte de Flandre ; Charles V fut plus heureux pour son frère. Mais ce frère, tout Français qu’il était, ne se fit accepter des

  1. App. 61.
  2. App. 62.
  3. « Mon pays de Bourgoigne n’a point d’argent ; il sent la France. » Mot de Charles-le-Téméraire. (Gachard.)