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HISTOIRE DE FRANCE

sur l’Angleterre ; par le Hainaut des places fortes, Mons et Valenciennes, les portes de la France.

Voilà une grande et formidable puissance, formidable par son étendue et par la richesse de ses possessions, mais bien plus encore par sa position, par ses relations, touchant à tout, ayant prise sur tout. Il n’y avait rien en France à opposer à une telle force. La maison d’Anjou avait fondu en quelque sorte, dans ses vaines tentatives sur l’Italie. Le duc de Berri, lors même qu’il était gouverneur du Languedoc, n’y était pas sérieusement établi ; il n’était que le roi de Bourges. Le duc d’Orléans, frère du roi, s’était fait donner successivement l’apanage d’Orléans, puis une bonne part du Périgord et de l’Angoumois, puis les comtés de Valois, Blois et Beaumont, puis encore celui de Dreux. Il avait, par sa femme, une position dans les Alpes, Asti. C’étaient certes de grands établissements, mais dispersés ; ce n’était pas une grande puissance. Tout cela ne faisait point masse en présence de cette masse énorme et toujours grossissante des possessions du duc de Bourgogne.

Philippe-le-Hardi avait eu, à son grand profit, la part principale à l’administration du royaume sous la minorité de Charles VI, et bien au delà, jusqu’à ce qu’il eut vingt et un ans. Il l’avait perdue quelque temps, pendant le gouvernement des Marmousets, La Rivière, Clisson, Montaigu. La folie de Charles VI fut comme une nouvelle minorité ; cependant il devenait impossible de ne pas donner part, dans le gouvernement, au duc d’Orléans, frère du roi, qui en