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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

1401 avait trente ans. Ce prince, héritier probable du roi malade et de ses enfants maladifs, avait apparemment autant d’intérêt au bien du royaume que le duc de Bourgogne, qui, s’étendant toujours vers l’Empire et les Pays-Bas, devenait de plus en plus un prince étranger. Toutefois, les légèretés du duc d’Orléans, ses passions, ses imprudences, lui faisaient tort ; la vivacité même de son esprit, ses qualités brillantes, mettaient en défiance. Son oncle, déjà âgé, solide sans éclat (comme il faut pour fonder), rassurait davantage. D’ailleurs, il était riche hors du royaume ; on pensait que le maître de la riche Flandre prendrait moins d’argent en France.

Ce fut un moment décisif, entre l’oncle et le neveu, que celui de la révolution d’Angleterre, en 1399. Tous deux avaient caressé le dangereux Lancastre, pendant son séjour au château de Bicêtre. Le duc d’Orléans en fit son frère d’armes, et se crut sûr de lui. Mais Lancastre, avec beaucoup de sens, préféra l’alliance du duc de Bourgogne, comte de Flandre. Celui-ci montra dans cette circonstance une extrême prudence. Il en avait besoin. Richard avait épousé sa petite-nièce, il était gendre du roi de France, et notre allié. Le duc de Bourgogne se serait perdu dans le royaume, s’il avait ostensiblement concouru à une révolution qui nous était si préjudiciable. Il ne laissa pas passer Lancastre par ses états ; il donna même ordre de l’arrêter à Boulogne, où il ne devait point aller. Lancastre fit le tour par la Bretagne, dont le duc était ami et allié du duc de Bourgogne ; ils lui donnèrent pour l’accompagner