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HISTOIRE DE FRANCE

non pas pour vaine gloire ni pour nulle convoitise temporelle[1] ».

Henri IV avait de bonnes raisons pour refuser le combat ; il avait bien autre chose à faire chez lui ; il ne voyait qu’ennemis autour de lui ; ce trône tout nouveau branlait. Le duc de Bourgogne lui rendit le service de faire continuer la trêve avec la France.

Ces affaires d’Angleterre et de Bretagne sont déjà une guerre indirecte entre les ducs d’Orléans et de Bourgogne. La guerre va devenir directe, acharnée. Le neveu essaye d’attaquer l’oncle dans les Pays-Bas ; l’oncle attaque et ruine le neveu en France, à Paris.

Le duc d’Orléans, battu par son habile rival dans l’affaire de Bretagne, fit une chose grave contre lui ; si grave que la maison de Bourgogne dut vouloir dès lors sa ruine. Il se fit un établissement au milieu des possessions de cette maison, parmi les petits états qu’elle avait ou qu’elle convoitait ; il acheta le Luxembourg, se logeant comme une épine au cœur du Bourguignon, entre lui et l’Empire, à la porte de Liège, de manière à donner courage aux petits princes du pays, par exemple au duc de Gueldre. Le duc d’Orléans paya ce duc pour faire ce qu’il avait toujours fait, pour piller les Pays-Bas.

Louis d’Orléans ayant engagé ce condottiere au service du roi, il l’amène à Paris avec ses bandes ;

  1. Monstrelet. — Quant à Isabelle de France, il récriminait d’une manière toute satirique : « Plût à Dieu que vous n’eussiez fait rigueur, cruauté ni vilenie envers nulle dame ni damoiselle, non plus qu’avons fait envers elle ; nous croyons que vous en vaudriez mieux. »