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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

terre et du roi de Navarre. La maison de Lancastre s’était alliée, en Castille, à la maison bâtarde de Transtamare, comme celle de Bourgogne s’unit plus tard à la maison non moins bâtarde de Portugal. Bourgogne, Bretagne, Navarre, Lancastre, toutes les branches cadettes se trouvaient ainsi liées entre elles, et avec les branches bâtardes du Portugal et de la Castille.

Contre cette conjuration de la politique, le duc d’Orléans se porta pour champion du vieux droit. Il prit cette cause en main dans toute la chrétienté, se déclarant pour Wenceslas contre Robert, pour le pape contre l’Université, pour la jeune veuve de Richard contre Henri IV. Après avoir provoqué un duel de sept Français contre sept Anglais, il jeta le gant à son ancien frère d’armes, pour venger la mort de Richard II[1]. Il lui reprochait de plus d’avoir manqué, dans la personne de la veuve, Isabelle de France, à tout ce qu’un homme noble devait « aux dames veuves et pucelles[2] ». Il lui demandait un rendez-vous aux frontières, où ils pourraient combattre chacun à la tête de cent chevaliers.

Lancastre répondit, avec la morgue anglaise, qu’il n’avait vu nulle part que ses prédécesseurs eussent été ainsi défiés par gens de moindre état ; ajoutant, dans le langage hypocrite du parti ecclésiastique qui l’avait mis sur le trône, que ce qu’un prince fait, « il le doit faire à l’honneur de Dieu, et comme profit de toute chrestienté ou de son royaume, et

  1. App. 64.
  2. Monstrelet.