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HISTOIRE DE FRANCE

comte de Flandre, au grand duc de Bourgogne. La légende expressive des Pays-Bas est celle de la fameuse comtesse qui mit au monde trois cent soixante-cinq enfants. Les princes du pays, sans aller jusque-là, semblent du moins essayer d’approcher. Un comte de Clèves a soixante-trois bâtards. Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai, officie pontificalement avec ses trente-six bâtards et fils de bâtards qui le servent à l’autel.

Philippe-le-Bon n’eut que seize bâtards[1] ; mais il n’eut pas moins de vingt-sept femmes, trois légitimes et vingt-quatre maîtresses. Dans ces tristes années de 1429 et 1430, pendant cette tragédie de la Pucelle, il était tout entier à la joyeuse affaire de son troisième mariage. Cette fois, il épousait une infante de Portugal, Anglaise par sa mère, Philippa de Lancastre[2]. Aussi


    avec sa coulume féminine, elle a sans cesse passé d’un maître à l’autre, convolé de mari en mari. Les Flamands ont souvent fait comme la Flandre. Les divorces sont communs en ce pays (Quételet). Sous ce point de vue, l’histoire de Jacqueline est fort curieuse ; la vaillante comtesse aux quatre maris, qui défendit ses domaines contre le duc de Bourgogne, ne se garda pas si bien elle-même. Elle finit par troquer la Hollande contre un dernier époux. Retirée avec lui dans un vieux donjon, elle s’amusait, dit-on, tout en tirant au perroquet, à jeter dans les fossés des cruches, bien vidées, par-dessus sa tête. On assure qu’une de ces cruches retirées des fossés portait une inscription de quatre vers, dont voici le sens : « Sachez que dame Jacqueline, ayant bu une seule fois dans cette cruche, la jeta par-dessus sa tête dans le fossé où elle disparut. » App. 39.

  1. Il reste je ne sais combien de lettres et d’actes de cet excellent prince, relativement aux nourritures de bâtards, pensions de mères et nourrices, etc.
  2. Le père était le brave bâtard Jean 1er, qui venait de fonder en Portugal une nouvelle dynastie, comme le bâtard Transtamare en Castille. C’était le beau temps des bâtards. L’habile et hardi Dunois avait déclaré à douze ans qu’il n’était pas fils du riche et ridicule Canny, qu’il ne voulait pas de sa succession, qu’il s’appelait « le bâtard d’Orléans. »