les Anglais eurent beau lui donner le commandement de Paris[1], ils ne purent le retenir ; il avait hâte de laisser ce pays de famine, de retourner en Flandre, d’y recevoir sa jeune épousée. Les actes, les cérémonies, les fêtes célébrées, interrompues, reprises, remplirent des mois entiers. À Bruges surtout, il y eut des galas inouïs, de fabuleuses réjouissances, des prodigalités insensées, à ruiner tous les seigneurs ; et les bourgeois les éclipsaient. Les dix-sept nations qui avaient leurs comptoirs à Bruges, y étalèrent les richesses du monde. Les rues étaient tendues de beaux et doux tapis de Flandre. Pendant huit jours et huit nuits coulaient les vins à flots, les meilleurs ; un lion de pierre versait le vin du Rhin ; un cerf, celui de Beaune ; une licorne, aux heures des repas, lançait l’eau de rose et le malvoisie[2].
Mais la splendeur de la fête flamande, c’étaient les Flamandes, les triomphantes beautés de Bruges, telles que Rubens les a peintes dans sa Madeleine de la Descente de croix. La Portugaise ne dut pas prendre plaisir à voir ses nouvelles sujettes. Déjà l’Espagnole Jeanne de Navarre s’était dépitée en les voyant, et elle avait dit malgré elle : « Je ne vois ici que des reines[3]. »
Le jour de son mariage (10 janvier 1430), Philippe-le-Bon institua l’ordre de la Toison d’or[4], « conquise