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HISTOIRE DE FRANCE

rapportées au démon, elles restaient des miracles dans l’opinion du peuple, des œuvres de Dieu ; alors Dieu était contre les Anglais, ils avaient été bien et loyalement battus ; donc leur cause était celle du Diable : dans les idées du temps, il n’y avait pas de milieu. Cette conclusion, intolérable pour l’orgueil anglais, l’était bien plus encore pour un gouvernement d’évèques, comme celui de l’Angleterre, pour le cardinal qui dirigeait tout.

Winchester avait pris les choses en main dans un état presque désespéré. Glocester étant annulé en Angleterre, Bedford en France, il se trouvait seul. Il avait cru tout entraîner en amenant le jeune roi à Calais (23 avril), et les Anglais ne bougeaient pas. II avait essayé de les piquer d’honneur en lançant une ordonnance « contre ceux qui ont peur des enchantements de la Pucelle[1]». Cela n’eut aucun effet. Le roi restait à Calais, comme un vaisseau échoué. Winchester devenait éminemment ridicule. Après avoir réduit la croisade de Terre-Sainte[2] à celle de Bohême, il s’en était tenu à la croisade de Paris. Le belliqueux prélat, qui s’était fait fort d’officier en vainqueur à Notre-Dame et d’y sacrer son pupille, trouvait tous les chemins fermés ; de Compiègne, l’ennemi lui barrait la route de Picardie ; de Louviers, celle de Normandie. Cependant la guerre traînait, l’argent s’écoulait[3], la

  1. App. 42.
  2. Projetée par Henri V. — Voy. le tome précédent.
  3. Quoique le cardinal se fit donner beaucoup d’argent, il y mettait aussi beaucoup du sien. Un chroniqueur assure que le couronnement se fit à ses frais : il lit aussi sans doute les avances nécessaires au procès. App. 43.