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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

croisade se perdait en fumée. Le Diable apparemment s’en mêlait ; le cardinal ne pouvait se tirer d’affaire qu’en faisant le procès au Malin, en brûlant cette diabolique Pucelle.

Il fallait l’avoir, la tirer des mains des Bourguignons. Elle avait été prise le 23 mai ; le 26, un message part de Rouen, au nom du vicaire de l’inquisition, pour sommer le duc de Bourgogne et Jean de Ligny de livrer cette femme suspecte de sorcellerie. L’inquisition n’avait pas grande force en France ; son vicaire était un pauvre moine, fort peureux, un dominicain, et sans doute, comme les autres Mendiants, favorable à la Pucelle. Mais il était à Rouen sous la terreur du tout-puissant cardinal, qui lui tenait l’épée dans les reins. Le cardinal venait de nommer capitaine de Rouen un homme d’exécution, un homme à lui, lord Warwick, gouverneur d’Henri[1]. Warwick avait deux charges fort diverses à coup sûr, mais toutes deux de haute confiance : la garde dû roi et celle de l’ennemie du roi ; l’éducation de l’un, la surveillance du procès de l’autre.

La lettre du moine était une pièce de peu de poids, on fit écrire en même temps l’Université. Il semblait difficile que les universitaires aidassent de bon cœur un procès d’inquisition papale, au moment où ils allaient guerroyer à Bâle contre le pape pour l’épiscopat. Winchester lui-même, chef de l’épiscopat anglais, devait préférer un jugement d’évêques, ou, s’il

  1. App. 44.