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NOTES DE L’INTRODUCTION


NOTE DU § II.
Sur l’ère de la Renaissance, Abailard, etc., p. 9.


Cette ère eût été certainement le douzième siècle, si les choses eussent suivi leur cours naturel. L’inspiration ecclésiastique, ayant produit son symbole, son rituel et sa légende, avait décidément tari. Et l’inspiration laïque, sortie déjà de son âge primitif de chants populaires, arrivée aux grands poèmes, avait opposé aux types légendaires de sainteté monastique les types directement contraires d’héroïsme et d’action. Un saint comme Godefroi de Bouillon, faisant la guerre au pape et plantant sur les murs de Rome le drapeau de l’Empire, c’était déjà la Réforme, le changement complet de l’idéal humain. On écrivait peu ; mais comment douter que la culture ne fût très avancée quand on voit que l’enseignement d’Abailard eut tant de milliers d’auditeurs ? Je ne sais si l’on trouverait aujourd’hui tant d’esprits avides d’études métaphysiques.

C’est, comme on sait, à Sainte-Geneviève, au pied de la tour (très mal nommée) de Clovis qu’ouvrit cette grande école. Celte tour, qui s’élève derrière le Panthéon, a été fondée entre 1000 et 1031. (Lebeuf, II, 374, d’après le nécrologe de Sainte-Geneviève.) Sa base antique, qui subsiste, a donc entendu le grand Abailard. Le point de départ de la philosophie moderne est ainsi à deux pas des caveaux du Panthéon, où reposent Voltaire et Rousseau. De la montagne sont descendues toutes les écoles modernes. Je vois au pied de cette tour une terrible assemblée, non seulement les audi-