Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/16

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diversité a servi. Je voudrais qu’une main habile esquissât l’histoire de l’histoire, je veux dire le progrès qui s’est fait dans nos études sur la Révolution.

La tirer de 1789, c’est en faire un effet sans cause. La faire partir de Louis XV, c’est l’expliquer bien peu encore. Il faut creuser beaucoup plus loin. C’est toute la vie de la France qui en prépare, en fait comprendre le drame final. De moins en moins obscure, elle devient toute lumineuse au dix-huitième siècle, qui, loin d’être un chaos, ordonne, écrit splendidement notre credo moderne, que la Révolution entreprend d’appliquer.

Labeur très long. J’en ai été payé quand (dans mon Louis XV, vers 1750) j’ai eu la joie de donner fort simplement ce credo de lumière. En face, je posai les ténèbres, la Conspiration de famille. Dès le ministère de Fleury, l’intrigue espagnole-autrichienne et catholico-monarchique se noue par les parentés, mariages, etc. Le premier effet fut le règne de Marie-Thérèse à Versailles et la Guerre de Sept-Ans, qui enterra la France, donna le monde à l’Angleterre. Le second effet fut le règne de Marie-Antoinette, l’explosion tardive (si tardive !) de 1789.