Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/131

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a eu l’honneur de devenir beau-frère de l’illustre général Marceau. C’est lui qui, au péril de sa vie, quelques jours avant le 10 août, touché du désespoir et des larmes des Marseillais, se décida, avec Panis, à leur livrer les cartouches qui leur donnèrent la victoire. Sergent n’avait qu’antipathie (il l’affirme dans ses Notes, publiées par M. Noël Parfait) pour l’hypocrisie de Robespierre et les fureurs de Marat. Il assure qu’il fut étranger à l’affaire du 2 septembre. Il avait été l’ordonnateur de cette terrible fête des morts, qui, plus qu’aucune autre chose, exalta dans les masses l’idée de vengeance et de meurtre. Mais quand ce jour de meurtre vint, le cœur de Sergent n’y tint pas, et, quoiqu’il partageât sans doute l’idée absurde du moment, que le massacre pouvait sauver la France, il s’éclipsa de Paris. Lui-même, dans ses Notes justificatives, fait cet aveu accablant : que le matin du 2 septembre, il alla à la campagne et ne revint que le soir.

Panis, ex-procureur, auteur de vers ridicules, petit esprit, dur et faux, était incapable d’avoir par lui-même aucune influence. Mais il était beau-frère du fameux brasseur du faubourg, Santerre, nouveau commandant de la garde nationale. Cette alliance et sa position au comité de surveillance le rendaient fort important. Il ordonnait au comité, et par son beau-frère il pouvait influer sur l’exécution, agir ou ne point agir. Quand même la majorité lui aurait été contraire, il était encore à même de ne point laisser exécuter par Santerre ce que la majorité aurait résolu.