Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/130

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toute autorité suspecte. Ce qui restait de force fut comme paralysé par cette puissance de mort. Le ministère et l’Assemblée, blessés de son dard, gisaient inertes et ne pouvaient rien[1].

Le conseil général même, que Robespierre avait engagé à déclarer qu’il s’en remettait au peuple et qui ne l’avait pas fait, n’en était pas moins profondément ébranlé, et dans le doute sur ce qu’il lui convenait de faire. Voulait-il, ne voulait-il pas ? Agirait-il, n’agirait-il pas ? À peine le savait-il lui-même.

Et si le conseil général ne voulait rien, ne faisait rien, s’il se dispersait le dimanche, ou s’assemblait en nombre insuffisant, minime, comme il arriva, qui resterait pour agir, sinon le comité de surveillance ? Dans la grande assemblée du conseil général, quelque violent qu’il pût être, les hommes de sang néanmoins n’auraient jamais eu la majorité. Au contraire, dans le comité de surveillance, composé de quinze personnes, le seul dissentiment qui existât, c’est que les uns voulaient le massacre, les autres le permettaient.

Il y avait deux hommes principaux dans ce comité, Sergent et Panis. Sergent, artiste jusque-là estimable, laborieux et honnête, homme d’un cœur ardent, passionné, romanesque (qui aima jusqu’à la mort),

  1. La Commune ne vota pas selon les conclusions de Robespierre ; mais elle adopta son discours, en quelque sorte, l’imprima sur-le-champ et le répandit. Grave circonstance que ni Barrière ni Bûchez n’ont conservée dans leurs extraits et qu’attestent les originaux. (Archives de la Seine. Procès-verbaux du conseil général, registre XXII, p. 4.)