Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/220

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des prêtres, des nobles et aussi quelques voleurs ; une trentaine de personnes environ perdirent la vie.

Nuls prisonniers n’avaient plus à craindre que ceux d’Orléans ; ils étaient quarante environ, attendant le jugement de la haute cour qui y siégeait. La plupart étaient des hommes qui avaient marqué d’une manière très odieuse contre la Révolution. Il y avait entre autres le ministre Delessart, instrument connu des intrigues de la cour, de ses négociations avec l’ennemi. Il y avait M. de Brissac, commandant de cette garde constitutionnelle, si parfaitement recrutée parmi les gentilshommes de province les plus fanatiques, les bourgeois les plus rétrogrades, les maîtres d’armes, les coupe-jarrets ramassés dans les tripots. M. de Brissac avait des qualités aimables, il était l’ami personnel de Louis XVI ; on le citait à la cour comme un parfait modèle du chevalier français, ce qui ne l’empêchait pas d’être amant de la Du Barry. On le trouva caché chez elle, au pavillon de Luciennes.

L’expédition d’Orléans fut confiée à deux hommes cruellement fanatiques, Lazouski et Fournier, dit l’Américain. Celui-ci était si ardent pour la chose qu’il fit les frais nécessaires, avec l’aide d’un bijoutier et de quelques autres. Il avança une vingtaine de mille francs qui lui furent plus tard remboursés par la Commune. Lazouski était deux fois furieux, doublement exaspéré, de rage polonaise et française. Il faut songer qu’à ce moment (dans l’été