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de 1792), les trois meurtriers de la Pologne consommaient sur elle l’œuvre exécrable, hypocrite, du démembrement. Lazouski se vengeait ici des crimes de Pétersbourg. Il massacrait des royalistes, ne pouvant massacrer des rois.

Dans le désir passionné qu’elle avait d’éviter l’effusion du sang, l’Assemblée s’humilia encore. Elle composa tacitement avec la Commune. Il fut entendu que les prisonniers n’arriveraient pas à Paris, mais resteraient à Versailles. Roland y fit tout préparer. On envoya au-devant, pour les protéger, une masse de garde nationale.

Versailles même n’était guère moins dangereux que Paris. On l’a vu au 6 octobre. Nulle part l’Ancien-Régime n’était plus haï. Il y avait de plus alors, dans cette ville, cinq ou six mille volontaires, non armés, non habillés, qui attendaient pour partir, désœuvrés, ennuyés et mécontents, errant dans les rues et les cabarets. Il ne faut pas demander si la nouvelle de l’arrivée des prisonniers d’Orléans les mit en émoi. Il y avait à parier que s’ils arrivaient à Versailles, ils périraient jusqu’au dernier.

On assure qu’un magistrat de Versailles, voyant le péril, alla à Paris, courut chez Danton. Il en fut reçu fort mal. Danton ne pouvait donner ordre au cortège de rebrousser chemin, sans trancher le grand litige, se déclarer pour l’Assemblée contre la Commune. La Commune venait de remporter une victoire ; Marat avait été nommé le jour même député de Paris. Danton, grondant, dit d’abord ces mots,