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Tandis que l’Angleterre féodale, en Écosse et partout, a décidé pour le fief contre l’homme, la Révolution, en Bretagne et partout, a décidé pour l’homme contre le fief.

Sainte décision, humaine, charitable autant que raisonnable, selon Dieu et selon l’esprit.

Que le monde se taise et admire. Qu’il tâche à profiter. Qu’il reconnaisse le caractère vraiment religieux de la Révolution.

La Vendée ne lui fit la guerre que par un malentendu monstrueux, par un phénomène incroyable d’ingratitude, d’injustice et d’absurdité. La Révolution, attaquée comme impie, était ultra-chrétienne ; elle faisait les actes qu’aurait dû faire le christianisme. Et le prêtre, que faisait-il ? Il faisait, par le paysan, la guerre ultra-païenne, qui aurait rétabli la féodalité, la domination de la terre sur l’homme et de la matière sur l’esprit.

Cruel malentendu ! ces Vendéens étaient sincères dans leurs erreurs. Ils sont morts dans une foi loyale. L’un d’eux, blessé à mort, gisait au pied d’un arbre. Un républicain lui dit : « Rends-moi tes armes ! » — L’autre lui dit : « Rends-moi mon Dieu ! »

Ton Dieu ? pauvre homme !… Eh ! n’est-ce pas le nôtre ? Il n’y en a pas deux. Il n’y a qu’un Dieu, celui de l’égalité et de l’équité, celui qui vient, au bout de mille ans, te faire réparation, celui qui a jugé pour toi, le 25 août, le jour même, insensé, où tu as levé le bras contre lui.