Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/369

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Fatal rapprochement. Marseille, en 1790, va jusqu’à repousser l’uniforme de la garde nationale comme insigne d’aristocratie. Marseille, en 1792, prononce à la Convention la menace aristocratique d’un corps de huit cents jeunes gens riches, qu’elle envoie pour mettre Paris à la raison.

Mais c’était le contraire exactement qu’il eût fallu. Pour garder la Convention, empêcher les massacres, prévenir les pillages, pourquoi appeler des riches ? Il fallait des Français quelconques ; ou, si l’on voulait absolument choisir, il fallait choisir des pauvres et faire appel à l’honneur.

Nous analyserons plus tard l’élément aristocratique qui se trouvait dans la Gironde, et l’élément légiste, et l’élément municipal, le patriciat nobiliaire ou mercantile des villes du Midi. Notons ici seulement l’erreur qui lui troubla la vue, la fit incliner peu à peu en ce sens : elle crut voir la propriété en péril. Malgré de grands désordres accidentels, il n’y avait rien à craindre ; au contraire, la propriété, communiquée à tous, prenait une base plus ferme (parce qu’elle était plus large) qu’elle ne l’eut jamais. Sous l’influence de cette erreur, la Gironde appela au secours contre la dictature, contre les lois agraires que le dictateur aurait pu porter, les riches et les gens aisés ; elle se fia aux intérêts mobiles et variables qui, le lendemain, pouvaient trouver leur compte à ramener le roi ; en sorte que, pour repousser la royauté révolutionnaire, elle s’appuyait sur une classe qui, d’une pente infaillible, inclinait à la royauté.