Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Barbaroux, dans son étourderie provençale, mettait tout ceci en lumière. Il dit contre les siens, le 25 septembre, plus que n’auraient espéré leurs plus cruels ennemis. Il avait montré à ceux-ci la place vulnérable où ils pouvaient le mieux frapper.

Il semble avoir dicté à Robespierre le programme du nouveau journal que celui-ci fit paraître peu de jours après (Lettres à ses commettants, à tous les Français). Il y disait : « Ce n’est point assez d’avoir renversé le trône ; ce qui nous importe, c’est d’élever sur ses débris la sainte égalité… Le règne de l’égalité commence. » Pensée juste, vraie, qu’il développait avec noblesse et grandeur. Il était moins heureux quant aux moyens d’établir cette égalité : « Comment l’obtenir ? En protégeant le faible contre le fort. Or, ce qu’il y a de plus fort dans l’État, c’est le gouvernement… » Il en concluait que le grand objet des lois constitutives est de lutter contre le gouvernement ; conclusion triviale et qui n’en est pas moins fausse, qui ferait de l’État un simple combat, une chose exclusivement polémique et négative, sans positif et sans substance, sans féconde vitalité.

Ce serait revenir par un autre chemin aux pauvretés de la politique anglaise, qui réduit tout à une certaine idée d’opposition et de garantie.

C’est ainsi que la Gironde, après avoir été, spécialement au printemps de 1792, le vrai parti national, le parti de l’égalité, abandonna ce rôle, le laissa prendre à ses ennemis, à la Montagne, aux Jacobins.