Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/373

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dans la Convention, non le parti des faibles et des impuissants, comme était le centre, mais celui des forts, celui du génie, en tête les deux hommes qui restèrent indépendants des leurs mêmes, Danton et Vergniaud. Joignez-y Cambon, Carnot et autres hommes spéciaux qui, par eux-mêmes, étaient des forces, qui ne voulaient point s’enrégimenter, qui n’allaient point aux Jacobins. Condorcet, Barère, bien d’autres, auraient pu s’en rapprocher, beaucoup d’hommes impartiaux, qui n’aimaient ni la Gironde ni la Montagne, qui les suivirent malgré eux, mais qui auraient voulu ne suivre de parti que la France, la Révolution, dégagée de ses mauvais alliages. J’entends par ce dernier mot l’esprit formaliste et disputeur des uns, le pharisaïsme des autres ou leur aveugle furie, les haines envenimées de tous.

Il fallait, à tout prix, accepter, adopter Danton. Il avançait d’un pas, il fallait en faire deux vers lui. Il désavouait Marat, cela suffisait. Pour tout le reste, qu’il lui convînt ou non de couvrir de son grand nom la Commune de Paris, il fallait fermer les yeux. Se proclamât-il coupable, il fallait ne pas l’en croire, passer outre, le laisser être ou paraître ce que sa nature et sa politique demandaient qu’il fût, le violent des violents ; ne pas exiger follement qu’il cessât d’être Danton, mais demander qu’il le fût tout à fait, qu’il mêlât sa générosité d’homme et sa magnanimité à sa violence de parti.