Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/69

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horriblement célèbre sous le nom de Père Duchesne.

Ces scribes furent tout d’abord la cheville ouvrière de la Commune. Du 11 août au 2 septembre, elle appela dans son sein le scribe des scribes, le fol des fols, Marat, Robespierre. Tous deux sortirent de leurs trous et siégèrent à la Commune.

Le matin du 11, la Commune envoya à l’Assemblée deux de ses membres lettrés, Hébert et Léonard Bourdon, un régent, pédant furieux, qui fonda une pension selon les institutions de Lycurgue. En allant, ils ne purent se dispenser de monter chez le maire, Pétion, qui était encore au lit. Ils trouvèrent là Brissot, qui vint à eux, tout ému : « Quelle est donc cette fureur ? dit-il. Quoi ! les massacres ne finiront pas ? » Pétion parla dans le même sens. Hébert et Bourdon haussèrent les épaules et s’en allèrent sans rien dire. Ils ont depuis accusé cette faiblesse de Pétion et de Brissot, cette sensibilité coupable, pour les conduire à la mort.

La Commune, sans doute sur leur avis, sentant combien Pétion pouvait être embarrassant dans les grandes mesures de haute politique qu’elle se proposait de prendre, fit savoir à l’Assemblée que, dans sa tendre inquiétude pour la vie si précieuse de ce bon maire de Paris, de ce père du peuple, etc., dans la crainte qu’il ne tombât sous le poignard royaliste, elle avait mis à ses côtés deux agents pour le suivre partout sans le perdre de vue, et le garder jour et nuit.

Cette violence hypocrite contrastait avec la sen-