Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/100

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rection morale, qui, n’agissant que par la peur, sans acte matériel, étoufferait décemment la liberté de l’Assemblée et permettrait de soutenir qu’elle avait toujours été libre.

La séance, ouverte sous la présidence du Montagnard Mallarmé, commença par un coup terrible qui semblait tomber d’aplomb sur le Comité de salut public, l’humiliait, le désarmait pour les résistances du jour. On lut la lettre désespérée des magistrats de la Vendée, vaincus, en fuite, dépouillés, ayant tout perdu dans leur fuite ; une lettre de cris et de larmes, d’amères accusations sur les divisions de l’Assemblée…

Puis, sans respirer, la révolte de la Lozère et de la Haute-Loire, des sombres contrées volcaniques qui nourrissent le peuple le plus barbare de la France.

Jean-Bon Saint-André reprit ; sa jaune et bilieuse figure (où la flamme intérieure perçait, comme une lampe ardente) terrifia l’Assemblée quand il donna la nouvelle : « Huit cents patriotes ont été égorgés dans Lyon… Il faut envoyer partout des commissaires avec pleins pouvoirs, qui frappent de mort quiconque fait obstacle à la liberté… »

L’implacable, l’infatigable Commune était là qui attendait à la barre avec sa nouvelle pétition contre la Gironde. La générale, qui battait encore dans toutes les rues, s’entendait dans l’Assemblée. Lanjuinais monte à la tribune : « C’est sur la générale que je veux parler. »