Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/116

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de l’incertitude de son chef et ami Danton. Celui-ci hésitait misérablement. Si même on en croit son procès (conduit, il est vrai, arrangé par ses mortels ennemis), il aurait montré la duplicité honteuse du plus triste comédien. Il aurait dit, au moment où l’Assemblée fut prisonnière : « Il nous faut la tête d’Henriot. » Puis, voyant que décidément l’Assemblée avait reculé, Danton, se promenant dans la cour, aurait dit hypocritement au général : « N’aie pas peur, va toujours ton train. »

Cependant la Convention, repassant par le vestibule, sous le pavillon de l’Horloge, descendait dans le jardin. Elle le traverse, elle avance vers le pont tournant. Quelques jeunes députés la quittèrent pour un moment, coururent, montèrent sur la terrasse qui domine le quai. Là, ils virent des légions entières de garde nationale, qui, soigneusement isolées de la Convention et n’en ayant nulle nouvelle, s’inquiétaient de savoir ce qu’elle était devenue. Ils faisaient signe aux députés de venir les joindre. « Nous allons vous joindre aussi », leur répondirent-ils. Descendant rapidement et rentrant dans le jardin, ils joignirent la Convention près du grand bassin, non loin de la place. Le passage était fermé, gardé. Le long du bassin courait Marat, avec une vingtaine d’enfants en guenilles, après la Convention. « Que les députés fidèles retournent à leur poste ! » crie Marat d’une voix aiguë. La queue, qui était la Montagne dantoniste ou indépendante, n’étant point soutenue de Danton, écouta la voix de Marat, retourna vers le