Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/143

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conformait à merveille, payant toujours des auteurs qui suivaient le mouvement. Avant la Révolution, il fit les Crimes des rois, et après, les Crimes révolutionnaires. On a vu son succès énorme, quand il employait Loustalot, et qu’il tira parfois jusqu’à deux cent mille. Prudhomme, en 1793, avait été très violent pour demander la mort du roi. Il avait défendu Marat en avril, Hébert en mai, s’était prononcé avec force contre la Gironde qui arrêtait le Père Duchesne. Il est vrai qu’obéissant à la masse de ses abonnés, il avait parlé avec indignation des violences qui précédèrent le 2 juin. Ce jour même, à onze heures du matin il fut arrêté. Spectacle étrange ! le défenseur de Marat et d’Hébert traité comme un royaliste.

C’était le comité révolutionnaire de sa section qui l’arrêtait, si l’on en croit Prudhomme, sur la dénonciation d’un ennemi personnel. Il fait avertir la Commune, c’est-à-dire Chaumette, qui ordonne sur-le-champ son élargissement.

Une heure après, sous un prétexte, on le rappelle au comité de sa section, et là on lui déclare qu’il est de nouveau arrêté. Par quel ordre ? Par celui du comité central des neuf… On le lui montre, et il lit : « … Considérant que la liberté accordée au citoyen Prudhomme lui a été donnée sans réfléchir », etc.

Le lundi 3, à dix heures, le comité central, sans doute à la prière de Chaumette, élargit Prudhomme. Mais cette mesure particulière est contrariée par