Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lois devait les prendre de confiance et chicaner peu le législateur.

D’autre part, la constitution rencontrait une difficulté bien grave dans la situation. Elle devait répondre à deux conditions absolument contraires :

Née du 31 mai, elle avait à se justifier, en faisant oublier le projet girondin, en se montrant plus populaire. Il lui fallait primer la Gironde en démocratie.

Elle devait en même temps faire la chose opposée : organiser un gouvernement fort. La France périssait faute de gouvernement.

On s’en remit à Robespierre. La Montagne, qui venait de lui refuser le pouvoir, lui remit en réalité la constitution.

Elle fut faite, sous son influence, par cinq représentants qu’on adjoignit au Comité de salut public. Ce Comité, usé, brisé, n’avait qu’un mois à vivre. Il laissa faire. Les adjoints furent les deux hommes de Robespierre, Couthon et Saint-Just. Plus trois insignifiants pour faire nombre : un dantoniste fort léger, Hérault de Séchelles, le bel homme à tête vide, qui avait fait, sans le savoir, la révolution du 2 juin ; enfin deux légistes de profession, nullement politiques, Berlier et Ramel ; trois voix acquises à Couthon et Saint-Just, c’est-à-dire à Robespierre.

On n’osait, on ne pouvait demander la dictature, sans laquelle tout périssait. On essaya de la faire sortir de la constitution même, et de la plus démocratique qui fut jamais.