Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/262

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fermerait les portes aux commissaires de la Convention. Elle avait adhéré aux arrêtés de Rennes ; Beysser, son général chéri, avait signé l’adhésion. Elle eut lieu de s’en repentir, lorsque le général Canclaux (ex-marquis, et craignant d’autant plus d’irriter la Montagne) refusa de signer ; il commandait l’armée, alors à Ancenis. Nantes, si elle persévérait, risquait d’avoir contre elle deux armées de la République, celle de Canclaux et celle de Biron, fidèles à l’Assemblée. Les Girondins cédèrent, firent voter la constitution, annonçant toutefois par un placard que la Convention devant sortir bientôt, la constitution subirait une révision immédiate. Le maire Baco, insolent, intrépide, voulut porter lui-même l’outrage à la Convention. Dans l’adresse qu’il lui présenta, on exprimait, entre autres vœux, celui « Que la Convention remît bientôt le gouvernement à des mains plus heureuses, en sorte qu’on ne pût plus désespérer du salut de la Patrie. »

Cette bravade souleva la Montagne. Danton, qui présidait, répondit sévèrement pour adoucir, en s’y associant, l’irritation de l’Assemblée, et toutefois il accordait à la députation les honneurs de la séance. Nouvelle fureur de la Montagne. « Arrêtez-le », dit l’un. Et l’autre : « N’est-il pas vrai, Baco, que pendant le siège de Nantes, une maison fermée contenait un repas de douze cents couverts préparé pour les Vendéens ?… » À cette attaque absurde, Baco ne se connaissant plus et oubliant où il était : « Tu en as menti ! » s’écria-t-il. On l’envoya à l’Abbaye.