Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/263

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Il l’avait bien gagné. Sa blessure, toutefois, qui n’était pas fermée encore, parlait et réclamait pour lui. Coup fatal pour Danton, pour Phelippeaux, et qui rendait la conciliation à peu près impossible. À la nouvelle de cette arrestation du héros de la ville, du bon, du grand Baco, blessé pour la Patrie, il était fort à craindre que Phelippeaux ne fût traité comme Meuris, tout au moins arrêté.

Phelippeaux avait blessé Nantes par trois côtés, en empêchant l’élargissement aveugle, indistinct des suspects, en exécutant à la lettre la loi contre les assignats royaux, une loi enfin sur l’embargo des marchandises. Des lettres anonymes, furieuses, le menaçaient de la mort.

Que faisait le grand patriote ?… Riez, hommes du temps.

Riez, dévots perfides, qui arrangiez alors les fourbes Vendéennes et l’évêque d’Agra.

Riez, aveugles patriotes, qui croyez que la liberté est une massue, un boulet, qui ne savez pas que c’est chose de l’âme.

Beaucoup s’en sont moqués. Et nous pourrions en rire aussi, nous, ennemis des tentatives de compromis bâtards qu’essayait Phelippeaux.

Le pauvre homme, dans ce centre de fanatisme, entre la barbare et grossière idolâtrie vendéenne et le matérialisme du scélérat Ronsin, essayait de parler au cœur ; il rédigeait un catéchisme.

Une faible, impuissante conciliation entre la Révolution et le christianisme.