Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

change aux pauvres, leur firent tuer Chalier, leur défenseur, les payèrent, les firent combattre contre la Convention, tinrent cinq mois la France en échec.

Ils n’échappèrent ainsi à la guerre sociale, dont Chalier les menaçait, qu’en la détournant vers une épouvantable lutte contre la France elle-même.

Et cette lutte, ils ne la soutinrent qu’en admettant dans leur armée lyonnaise un élément royaliste étranger à Lyon ; je parle des nobles réfugiés, je parle des gens du Forez et autres provinces voisines, qui vinrent gagner la haute paye que donnait la ville et combattre pour le roi dans les rangs républicains.

Quels qu’aient été les efforts intéressés de l’aristocratie lyonnaise sous la Restauration pour faire croire que Lyon, en 1793, combattait pour le trône et l’autel, cela n’est point. Les nobles royalistes qui aidèrent à soutenir le siège furent presque tous étrangers à la ville. Les riches même étaient Girondins.

Nous avons cru devoir expliquer ceci d’avance, afin qu’on ne se trompe pas sur le point spécial que la Convention ni les Jacobins ne purent entendre, mais que l’histoire ultérieure du socialisme moderne éclaire rétrospectivement : La question politique était extérieure et secondaire à Lyon ; elle ne devint dominante qu’après la mort de Chalier. La question intime et profonde que les riches ajour-