Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/375

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Mais tout ceci était un jeu. Un drame plus sérieux se jouait à la Conciergerie. Le royalisme était si fort qu’il perçait les murs. Nulle précaution n’empêchait de communiquer avec la reine. Depuis la mort de Louis XVI, il y eut une conspiration permanente pour la délivrer. Lorsqu’elle était encore au Temple, un jeune municipal, Toulan, homme ardent du Midi, s’était donné de cœur à elle ; la reine l’avait encouragé, lui écrivant en italien : « Aime peu qui craint de mourir. » Toulan n’aima que trop, il périt.

Transférée à la Conciergerie, resserrée, gardée à vue, elle n’en était pas moins en communication avec le dehors. Par faiblesse, humanité, espoir des récompenses, tous les surveillants trahissaient. La femme du concierge, Richard, favorisait l’entrée des hommes qui tramaient l’évasion. Le municipal Michonis, administrateur de police, introduisit un gentilhomme qui remit une fleur à la reine, et dans la fleur un billet qui lui promettait délivrance. Le billet tomba, fut saisi, et la reine, sans se troubler, dit fièrement aux gardes : « Vous le voyez, je suis bien surveillée, cependant on trouve moyen de me parler, et moi de répondre. »

On chassa, on emprisonna les Richard. Qui leur succéda ? Un homme dévoué à la reine. Le concierge de la Force demande à passer à la Conciergerie, tout exprès pour la servir. Les communications recommencèrent. La reine glissa un jour dans la main du concierge des gants et des cheveux ; mais ces