Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/406

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dans celle de Charette (dont les soldats nous l’ont redit), qu’on ne devait faire prisonnier nul Mayençais, mais exactement tuer tout.

Kléber marchait soutenu, comme il croyait, à gauche, par l’Alsacien Beysser, jaloux de lui et plein de mauvaise volonté, et à droite par Chalbos, lieutenant de Rossignol, qui, d’après les conventions, devait se rapprocher de lui avec toute la levée en masse de la basse Vendée.

Que faisait ce lieutenant ? Il avança d’abord, et l’on compta sur lui, on s’engagea plus loin et on apprit alors qu’il était en pleine retraite. Sur l’ordre de Rossignol, Chalbos s’éloigna de Kléber, fît reculer les corps qui dépendaient de lui et toute la levée en masse.

Kléber et les deux mille cinq cents hommes de l’avant-garde étaient au fond du piège. Les défilés étroits, profonds, boueux, de Torfou, avaient reçu la longue file et quatre canons qu’elle traînait. Au fond, vingt-cinq mille Vendéens. N’ayant point affaire à Chalbos, ils avaient pu se concentrer. La masse est d’abord enfoncée, mais elle se divise, se rapproche sur les côtés, se range derrière les fossés et les haies, fusille de toutes parts, et même derrière, à bout portant. La réserve, qui suivait, répond ; sa fusillade alarme ; on croit qu’on est coupé. Kléber avait tout d’abord reçu un coup de feu. On voulait retirer les pièces ; un caisson brisé sur la route la ferme, et les canons sont pris. Kléber, quoique blessé, dirigeait tout. Il dit à Chevardin, comman-