Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/407

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dant de Saône-et-Loire : « Fais-toi tuer et couvre la retraite. » Ce brave homme le fît à la lettre. Avec lui tint ferme Merlin. Merlin avait près de lui un excellent ami, un réfugié de Mayence, qui n’avait plus de patrie que nos camps. Ce pauvre Allemand, Riffle, se fît tuer en sauvant une armée de la France.

Ce jour-là, quelqu’un, passant à Saumur, vit Rossignol encore malade. « Comment vont les affaires ? dit Rossignol. — Mal, dit l’autre ; Chalbos se retire. — Comment cela ? Qui lui a ordonné ? — Vous-même. » Rossignol demanda son registre de lettres ; il vit que la chose était vraie et changea de couleur. Il comprit un peu tard.

Le criminel Ronsin tenait pendant ce temps la place de Rossignol ; la levée en masse était faite partout sur la Loire pour le seconder. Il avance et s’enfourne dans le bourg étroit de Coron. Là trois mille Vendéens suffisent pour l’écraser. Il l’était d’autre part par le sentiment de son crime, pensant ne pouvoir se laver que par une victoire. « Mourons ici », dit-il à Santerre son lieutenant. « Il n’en mourut pas, dit Santerre, mais fit comme les autres. » Il n’eut pas même la présence d’esprit de faire rétrograder un autre corps qui arrivait d’Angers et fut battu aussi. Toute la levée en masse, voyant fuir les troupes régulières, se débanda ; cent mille hommes rentrèrent chez eux ; tout ce grand mouvement fut perdu.

Que fit Ronsin ? Sans s’étonner, il écrivit à Paris que six jours durant il a toujours vaincu ; que la Vendée fuit devant lui. Le ministre, d’accord avec