Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/524

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Cette belle légende fut répandue dans toute l’Europe, imprimée par les émigrés. D’autres disaient que l’évêque républicain de Cambrai avait eu, à son élection, pour concurrent une femme, et que, sans une voix qu’il eut de plus, l’histoire de la papesse Jeanne se renouvelait dans cet évêché. Dans la Vendée, on faisait mieux ; on fabriquait des hosties empreintes de figures d’animaux, pour faire croire aux paysans que la République adorait les bêtes.

L’Assemblée et la Commune apprenaient en même temps les scènes terribles qui suivirent le passage de la Loire. Une lettre portait : « Leurs prêtres leur ont fait jeter des patriotes dans le feu », etc.

Quand l’Assemblée reçut, le 20, les ornements, les costumes de Saint-Roch et de Saint-Germain-des-Prés, elle les vit comme elle eût vu un butin pris sur l’ennemi, les dépouilles des Vendéens ; elle s’associa sans réserve à la passion populaire. Un mannequin, couvert d’un drap noir, figurait l’enterrement du fanatisme ; les canonniers de Paris, en habits sacerdotaux, exécutèrent une ronde pour célébrer son décès. Tous crièrent : « Plus de culte que celui de la Raison, de la Liberté, de la République ! » Un cri unanime partit : « Nous le jurons ! nous le jurons ! » Un enfant sorti du cortège demanda que l’Assemblée fît faire un petit catéchisme républicain. Emotion générale. On décrète que tout le détail sera envoyé à tous les départements.

Personne, d’après cette séance, ne douta que le décret obtenu par Cambon, le 16, ne fut mis à